Mireille Antoine
Séance individuelle (50')

Équilibre, concentration, fluidité,organicité, présence à soi-même et à l’espace. Découvrir sa voix, se reconnaître, se laisser “dire”.

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Lors d’une leçon, l’élève se tient face au professeur. L’espace de la salle lui appartient, il doit se sentir libre de se déplacer, de s’asseoir, de s’adosser, de s’allonger...

Il lui est alors proposé d’émettre un soupir… soupir d’aise.

Première difficulté, comment se fait un soupir ? c’est tellement ordinaire, naturel, que la «commande» ne vient pas.

Comment s’autoriser à faire les gestes si courants de soupirer, rire, tousser, bailler … devant un témoin ? comment ne pas se mettre à «fabriquer» à «vouloir faire» ?

Là est le vrai début et sens du travail, exprimer sans surcharger, devenir témoin bienveillant de ce qui émane de soi.

Au début, la voix que l’on entend, a été modelée par les attentes du cercle familial, scolaire, professionnel, les aspirations, toutes les activités pratiquées, tout le parcours d’une vie. C’est souvent une voix qui confond contrôle et censure : la peur est présente, peur d’être trahi, peur de trop dévoiler, ou pas assez.
La voix en dit encore plus que les mots qu’elle véhicule.
Quand on est mal dans sa voix, on est bien souvent mal dans sa vie.

Les gens qui n’aiment pas leur voix la sous-utilisent ou la perçoivent différemment. Ils n’ont pas de notion des intonations, ne savent pas jouer avec. Il faut leur apprendre à découvrir les multiples facettes de leur organe, comme avec une palette de peinture.

Le travail va donc chercher par l’ancrage du corps, par la confiance, par l’énergie, par le jeu, par le plaisir, à réentendre la voix de l’être authentique en soi. Il va falloir accepter ses émotions au risque d’être débordé, les laisser passer, rechercher la facilité du son, sa fluidité, se laisser gagner par les images que les sons vont provoquer.

Il faut réapprendre à jouer avec une sincérité d’enfant.
Oser le beau, le laid, le sage, le fauve…. sans jugement.
En s’appuyant sur l’imaginaire, sur la force de l’intention, on sollicite des muscles sur lesquels on n’a pas de commande volontaire.

“L’homme est le mammifère dont les bandes ventriculaires (fausses cordes vocales) sont le moins développées dans la mesure où il ne se déplace pas de branche en branche, il n’a qu’une activité terrestre.

Lors de l’effort de poussée, comme chez le chanteur, le diaphragme est parfaitement contrôlé. L’inspiration s’arrête aux deux-tiers pour permettre une excellente précision du muscle diaphragmatique. Ce contrôle est la clef de l’expiration vocale maîtrisée. Si l’on était amené à supprimer les bandes ventriculaires, la phonation ne changerait pratiquement pas, mais on observerait une diminution de la lubrification des cordes vocales.

Mais dans notre recherche du mystère du langage articulé, plus époustouflante encore est la commande du muscle des cordes vocales. Cette commande ne dépend que d’un seul nerf : le nerf crânien n°X. Il permet de moduler les cordes vocales, il les écarte pour respirer, il les ferme pour parler, il crée la voix. Il conjugue l’émotion et l’expression verbale. On comprend mieux pourquoi la voix trahit notre moi intérieur.

La cathédrale vocale de l’homme est unique. Elle n’est pas figée, elle n’est pas fixe ; elle est déformable, adaptable. La vibration est créée au niveau laryngé puis chemine dans l’espace aérien des résonateurs. Le voyage de la vibration commence juste au niveau de la muqueuse des cordes vocales avec les fausses cordes vocales, ou bandes ventriculaires. Elles sont symétriques et épousent les cordes vocales à quelques millimètres au-dessus d’elles.„

Extrait de L’odyssée de la voix
Par Jean Abitbol - Ed Robert Laffont, Paris 2005